Mon voyage avec l'Ayahuasca
Comme promis, je te raconte mon incroyable expérience avec l'Ayahuasca et le Bufo, vécue lors d'une retraite en Suisse fin novembre.
Les lacets au milieu des vertes contrées Suisse s’enchaînent sur fond de musique classique. Je pense à mon intention : qu’est-ce que je cherche ? Je me sens plutôt bien équilibré, plus fort et plus heureux que je ne l’ai jamais été. Mais ma curiosité est insatiable, et ma quête d’exploration du potentiel humain infinie. Six mois plus tôt, mon expérience avec la psilocybine a élargi ma perception du monde, et j’en profite encore aujourd’hui. L’Ayahuasca est la prochaine étape de mon chemin spirituel.
Jour 1
Je pousse la porte de ce chalet perché dans la montagne au milieu de nulle part. D’autres participants sont déjà là et m’enlacent chaleureusement. Moi qui suis habitué aux protocolaires empoignades de main, je me sens désarçonné par cette soudaine proximité avec des inconnus souriants. Surtout en pleine période de Covid qui abolit toute forme de rapprochements physiques.
Quelques heures plus tard, je découvre la salle où se déroulent les cérémonies. Des matelas au sol, des seaux bleus (l’ayahuasca peut être difficile à digérer…), des bougies qui dansent. Une petite table basse dans un angle au centre de la pièce derrière laquelle se tient Alison, la facilitatrice, accompagnée de Lyo, Lara et Luca.
Excité, curieux, avec une pointe d’anxiété, je vais m’abreuver de ce mélange de lianes au goût salé et je retourne m’asseoir en tailleur guettant les premiers effets. Je m’attendais à un feu d’artifice, mais après 1h30, je ne ressens toujours rien. Pourtant, autour de moi, les corps s’animent dans la pénombre : une femme pleure, un homme vomi, quelqu’un danse, d’autres méditent. Les vibrations des tambours et des tam-tam retentissent. L’espace s’anime, flamboie, débordant d’énergie.
Frustré, je retourne à l’hôtel pour une seconde dose. Plus tard, alors que je suis allongé sur ma couche, Alison s’accroupit à côté de moi, et sans un mot, place sa main à quelques centimètres de ma tête. Et là…POW ! Je ressens sa chaleur, son amour, qui enveloppe mon corps entier et me connecte intensément à mon petit enfant intérieur dont je découvre la présence. Bien caché derrière une armure pare-balles, il pointe pour la première fois depuis tant d’années le bout de son nez. Je repense à mon entrée en 6ième où je me suis senti rejeté, à mon père avec qui j’avais besoin de faire la paix, à ma peur de l’engagement… Je considérais ma carapace capable de me protéger de tout : je prends désormais conscience que la véritable souffrance était de la porter.
Je découvre aussi la puissance des intentions : elle ne m’a pas touché, et pourtant, son amour a traversé l’espace pour percuter mes atomes et irradier chacune de mes cellules. Je veux aimer comme ça.
Jour 2
Après le petit-déjeuner, nous partageons un moment “d’intégration”, sorte d’alcooliques anonymes où chacun raconte, non pas son voyage, mais ce qu’il en a compris. Je suis frappé par cette bienveillance, ce sentiment d’unité. Personne n’a peur d’exprimer ce qu’il ressent car chacun a conscience que l’autre est une partie de soi.
Le Bufo
Je me prépare ensuite à vivre une expérience que Maxime Barbier qualifie comme la plus incroyable de sa vie : le Bufo Alvarius, soit le plus puissant enthéogène connu.
Je tire sur une pipe de verre remplie du mucus toxique de ce crapaud mexicain pendant 13 secondes. 13 secondes, c’est très long, surtout quand au bout du 10, tu es déjà dans les étoiles. Je me laisse tomber en arrière sur mon matelas, et commence à convulser dans un état de demi-conscience qui m’apprend par la force le lâcher-prise. Mon corps se défend, essai de résister, j’ouvre les yeux une fraction de seconde et distingue Lyo au-dessus de moi avec son tambour avant de repartir dans ma transe. Après quelques minutes de lutte, je rends les armes, et me laisse aller à…la renaissance. J’ai la sensation d’être un bébé, plus rien n’existe si ce n’est la pureté du moment. La caresse de la musique. Mais trop vite, mon cerveau est de retour, et cherche à analyser : qu’est-ce que je ressens ? est-ce que ça fait encore effet ? Drôle de sensation que d’entendre son mental revenir, et de prendre alors conscience qu’il était parti. Je lui hurle “Dégage, laisse-moi tranquille, laisse-moi kiffer mon moment”. Et je repars, dans l’instant, vivant simplement, sans pensées, sans corps, simplement là, présent, connecté au divin.
2ième cérémonie Ayahuasca
Le premier soir, j’avais pris le premier matelas à gauche en entrant, à l’écart, près de la porte. Pour cette seconde cérémonie, Alison me propose de m’installer au centre de la pièce, près de la cheminée, “pour me sortir de ma zone de confort” dit-elle. Je ressens rapidement la différence : J’ai la sensation d’être passé de l’ombre, du froid et de la solitude, à la chaleur, la lumière et l’amour. Moi qui ai toujours préféré le factuel au mystique, l’Ayahuasca m’invite à découvrir les énergies, invisibles mais puissantes, qui circulent autour de moi et me touchent dans le silence de mes yeux clos. Je me sens bien.
Confiant, je vais m’abreuver d’une seconde dose. Mais cette fois-ci, le voyage s’avère plus puissant. Des fractals colorés dansent devant mes yeux, et je me balance doucement de droite à gauche au rythme de la musique. Bientôt, j’ai le sentiment de perdre le contrôle, et j’entre en lutte, comme lors de mon Bufo quelques heures plus tôt. Des pensées telles que “En fait c’est juste un truc de drogué, ils appellent ça processus, mais je suis complètement éclaté” m’assaillent. Je perds pied et prends peur, je tourne et me retourne, avant de me fixer en position latérale de sécurité, le corps prit de soubresauts et une légère nausée me tenaillant l’estomac. Là, recroquevillé, je me calme, me centre sur ma respiration, j’arrête de tout analyser et sur-analyser, je lâche prise et…Soudain, tout redevient beau. Incroyable de constater le pouvoir du mental sur le corps.
De retour parmi les vivants, je me lève et vais m’asseoir sur le bord de la cheminée. Je capte le regard de Lyo dans la pénombre qui m’envoie un baiser rempli de bienveillance. Les yeux fermés, le sourire aux lèvres, je ressens l’amour infini qui sommeil en moi, et je l’envoie en silence à tous ceux qui m’entourent dans cette pièce, à tous ceux que j’aime, à tous ceux que je n’aime pas, à tous ceux que je connais et ne connais pas, au monde entier. Je suis un volcan en pleine éruption, et je vibre à l’unisson avec l’univers.
Parfois, je parle d’une façon enjouée avec du sourire dans la voix, et j’adore cette facette de ma personnalité. Mais pourquoi ne suis-je pas toujours ainsi ? Parfois, je suis en retrait, froid, distant, fermé, barricadé dans les méandres de mon esprit. Parfois même avec ceux que j’aime le plus. À partir de cet instant, je veux vivre l’amour à chaque seconde.
Dès lors, plus aucune peur ne peut exister : l’humain est bienveillant par nature, et tout le monde a cet amour à offrir. Certains ont juste oublié comment l’exprimer. Par peur. Mais je peux les en libérer. Et je comprends mieux pourquoi tous ces inconnus m’ont pris dans leurs bras lorsque je suis arrivé la veille. Ils avaient compris ce que je viens de comprendre : l’amour est la seule chose qui existe, la seule chose qui vaille la peine de se battre, la seule chose qui doive être chérie, vécue et partagée.
Jour 3
Cette troisième cérémonie a démarré par une session de breathwork complètement dingue. C’est probablement l’expérience la plus puissante de ce voyage alors que je n’ai consommé aucune “médecine”.
Breathwork
Allongé les yeux fermés, j’hyperventile de plus en plus fort, accompagné par les pulsations des tambours qui raisonnent à travers ma cage thoracique, et irradient jusqu’aux extrémités de mes doigts, piqué de fourmillements. Lyo et Luca viennent me toucher, m’accompagner et m’encourager, et je ressens tellement fort leur bonté et leur amour, gratuit et authentique. J’ai tellement de gratitude pour leur tendresse qui me berce que j’ai envie de les prendre dans mes bras et de les embrasser.
Puis je pense à ma fille, à ma femme, à mon frère, à ma mère, à tous ceux que j’aime. Et je pleure. Je pleure de cet amour infini que je leur porte. Il est tellement beau, tellement grand, que je n’arrive plus à m’arrêter de pleurer. Je pleure de joie, je pleure extasié par la splendeur infinie de ce sentiment. Mon corps littéralement transcendé par l’amour. Tout pourrait s’arrêter là : j’ai compris le message le plus essentiel et universel de l’Univers. Et je pleure aussi pour ça, conscient du cadeau unique qui m’a été fait et qui va changer chaque cellule d’expression de ma vie.
Le Yopo
Je vais ensuite prendre la traditionnelle coupe d’Ayahuasca cette fois-ci accompagnée d’une poudre végétale dont j’ai oublié le nom, censée accentuer la profondeur du voyage.
Lorsque mon corps a commencé à flotter, Alison est venu me souffler le Yopo dans chaque narine, un puissant rapeh permettant - selon les connaisseurs - de découvrir tous les rôles que l’on joue dans la vie. Pour ma part, j’ai surtout eu l’impression d’un uppercut m’explosant le nez, remontant jusque dans ma gorge, et me projetant presque instantanément dans un voyage psychédélique qui a définitivement marqué la victoire du cœur sur le mental.
J’ai totalement lâché prise, laissant mon corps s’envoler pour m’abandonner totalement à l’instant. Je ne sentais plus mes membres, muscles ou articulations, seulement les couleurs de la musique qui dansaient derrière mes yeux clos dans une symphonie de fractals digne des plus beaux feux d’artifice. Puis, certains ont commencé à danser. Dans mon corps paralysé, j’étais capable de les voir virevolter, avec plus de lucidité que ce que mes yeux me montraient lorsque je les ouvrais quelques secondes. Décidément, il existe bien des champs de perceptions qui s’éclipsent au regard : les couleurs de la musique, les vibrations des corps qui vivent, l’énergie des intentions, la chaleur de l’amour qui irradie…
Oualim me sort de ma léthargie pour me partager un outil d’une dimension hors norme : “David, le breathwork a été aussi puissant pour toi que pour moi ?” Bien sûr ! “Tu imagines faire l’amour à ta femme dans cet état ?”. POWAA ! Il a trouvé la clé vers le nirvana, vers les orgasmes cosmiques, vers l’amour infini face auquel même le temps qui passe ne peut rien.
S’en est suivie une conversation sublime dans laquelle j’exultais, j’étais en feu, incandescent, et j’irradiais tout autour de moi. Je mettais tellement de vie et d’amour dans mes mots, utilisant des superlatifs, modulant le timbre de ma voix, l’accompagnant de gestes endiablés, les yeux pétillants, vivant mes émotions avec une telle pureté, un tel abandon… La société nous attire vers une voie du milieu qui muselle la vie. Mais c’est tellement plus beau, plus puissant, de la laisser s’exprimer dans chaque centimètre carré de son corps.
Peu importe ce que nous faisons, le faire avec amour rend chaque action sublime.
Inspiration
Le dernier épisode de Limitless Project : Alison – L’ayahuasca comme voie d’accès au coeur
“L’ayahuasca est un outil que l’on utilise pendant les retraites, mais l’outil le plus puissant qu’on utilise, c’est vraiment l’amour”, “Ce sont 3 jours de retraite qui valent 10 ans de thérapie”
J’ai été invité dans MOUVERS, le podcast de Slim que j’avais reçu il y a quelques semaines sur Limitless (épisode #16). Une très belle conversation où l’on parle d’entreprenariat, de parentalité, d’autonomie alimentaire et de mon système de valeurs.
MOUVERS #48 – Entrepreneuriat, Growth Mindset et Parentalité. Redécouvrir le plaisir grisant d’explorer son potentiel humain avec David Nicolas (Limitless Project)
Le livre que je viens de terminer : La meilleure façon de manger
Je l’ai acheté pour l’offrir à ma maman, et j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire avant : bien présenté, facile à lire et à appliquer, largement evidence based, et non dogmatique, c’est pour moi une excellente base pour quiconque cherche à faire les bons choix alimentaires.
Mon dernier achat utile : Mute : Dilatateur nasal
Je ne ronfle pas, mais j’utilise un dilatateur nasal pour m’aider à maintenir une respiration nasale toute la nuit. En effet, il empêche mon nez de se congestionner et favorise ainsi les cycles de sommeil profond (plus d’infos sur le sujet dans mon article sur le mouth taping).
Un film que je vous recommande : First Man
Avec Ryan Gosling, dispo sur Netflix, ce film raconte l’histoire de la conquête lunaire en pleine guerre froide par Buzz Aldrin, Michael Collins et Neil Armstrong. La détermination obsessionnelle de ce dernier force le respect et fut probablement décisive dans la réussite de cette mission hors normes.