Matrice pour prendre de meilleures décisions
Comment prendre de meilleures décisions selon la CIA, les entrepreneurs et mon expérience personnelle.
Avec Féroce, notre mission est claire : transformer en profondeur la production et la consommation alimentaires en France. En seulement 10 mois, nous avons généré 1 M€ de chiffre d’affaires et séduit près de 10 000 clients. Un succès fulgurant… et un véritable défi : construire un avion en plein vol !
C’est d’autant plus complexe que Féroce n’est pas une DNVB classique avec des produits sur étagère et une logistique externalisée : nous travaillons directement avec les éleveurs, créons nos produits, les stockons et les expédions nous-même.
Durant ma vie, j’ai fondé plusieurs entreprises. Je n’ai pas toujours pris les meilleures décisions. Parfois j’ai eu de la chance. D’autres non. Mais j’ai toujours eu l’humilité de reconnaître mes erreurs et d’assumer mes responsabilités. Cette posture m’a aidé à devenir un meilleur entrepreneur, car c’est la seule façon d’apprendre et de progresser. Peu à peu, j’ai développé des automatismes qui m’aident aujourd’hui à clarifier ma vision et à résoudre efficacement les problèmes.
Étape 1 : Définir le problème
Au début, j’étais un bulldozer : je fonçais, je réfléchissais après. Cette approche a ses atouts : confronter rapidement son offre au marché permet d’obtenir des retours immédiats et d’atteindre plus vite le « product-market fit ». Mes premières entreprises ont souvent décollé en un temps record, mais leurs fondations restaient trop fragiles — et finissaient parfois par céder.
Si j'avais une heure pour résoudre un problème dont ma vie dépendait, je passerais les 55 premières minutes à chercher la meilleure question à me poser, et lorsque je l'aurais trouvée il me suffirait de 5 minutes pour y répondre.
Albert Einstein
Les problèmes semblent toujours évidents. Comme ils sont douloureux et inconfortables, notre réflexe naturel est de vouloir les résoudre au plus vite.
Pourtant, la définition claire et précise du problème est essentielle à sa résolution :
Savoir quelles informations collecter ;
Identifier les critères sur lesquels fonder notre décision ensuite ;
Surtout, identifier la cause plutôt que le symptôme ;
Ce dernier point est essentiel. Si on traite un symptôme, le problème se représentera dans quelques jours, semaines ou mois. C’est une perte de temps, d’énergie et d’efficacité. Surtout, j’envisage les problèmes comme des panneaux de signalisation. Plutôt que d’anticiper l’avenir ou le marché dans un plan stratégique incertain, je préfère me focaliser sur les goulots d’étranglement. Dès que j’en fais péter un, il se déplace un peu plus loin. Ce faisant, je développe des fondations durables, comme des marches d’escalier, sur lesquels je m’appuie pour grandir.
Voici comment cadrer efficacement un problème :
Différer le temps de cadrage avec le temps de résolution : Cela suppose de dédier un créneau (seul ou lors d’une réunion si ça implique plusieurs personnes) à l’identification et à la définition du problème. Puis de faire une pause (au moins 24h). Avant de dédier du temps à la recherche des solutions.
Toujours se demander : ai-je identifié un symptôme ou la cause profonde qui me permettra de développer un actif durable et rendra impossible la résurgence de ce problème.
Étape 2 : Capter des informations
Pour prendre de meilleures décisions, nous devons obtenir de meilleures informations. À ce stade, je ne cherche pas de finalité immédiate : j’ouvre mes antennes, je pose des questions (beaucoup), je rencontre des gens (variés), j’écoute des podcasts, je lis des livres.
Pour construire le hub logistique de Féroce, j’ai interrogé des ingénieurs supply chain, échangé avec des experts ERP, analysé les process d’autres entreprises, exploré des biographies d’entrepreneurs et écumé des podcasts spécialisés en e-commerce pour extraire les meilleures pratiques.
Savoir mettre son égo de côté pour poser des questions naïves est essentiel pour collecter des informations utiles. Interroger des experts est toujours précieux. Attention aux raccourcis qui consistent à leur demander directement quelle est la bonne décision à prendre. Il est préférable de se concentrer sur son processus de réflexion : quelles informations juge-t-il essentielles pour décider ? Sur quels critères fondamentaux s’appuie-t-il ? Cela ancre la décision sur des principes plutôt que sur des recettes toutes faites et favorise la croissance personnelle en développant l’autonomie de pensée.
Étape 3 : Les métaboliser
On ne peut pas travailler à la fois sur sa boite et dans sa boite. C’est difficile, car au début, le manque de ressource oblige à être multicasquettes et il y a des incendies à éteindre partout. Pourtant, la mission première d’un CEO est de prendre les bonnes décisions. Et ça nécessite de prendre de la hauteur, d’avoir des temps dédiés à la réflexion. Dans mon cas, la pratique du trail est probablement ce qui m’aide à être un meilleur entrepreneur. Lorsque je cours sans écouteurs dans les montagnes, mon cerveau métabolise l’information captée les jours précédents, il fait des liens, relie les points, et de ce travail non dirigé émerge des idées créatives et une vision claire de la marche à suivre. J’ai d’ailleurs raconté ce principe dans cette newsletter sur la marche créative.
Éric Larchvêque, un entrepreneur à succès, jury de l’émission Qui Veut Être Mon Associé ? (je te le dis en off, mais Féroce devrait faire partie de la prochaine saison), a même sacralisé la “discipline de l’ennui” :
L’ennui est le terreau de la créativité.
Et la créativité est à la base du développement de soi.
Alors prenez le temps de vous ennuyer.
Lâchez votre téléphone, allez vous promener, laissez vos pensées vagabonder.Votre cerveau va se mettre en marche, générer des étincelles, et allumer une petite flamme probablement éteinte depuis trop longtemps.
La petite flamme donnera lieu à l’idée.
L’idée donnera lieu à l’action.
Et l’action sera la clé de votre bonheur.
Étape 4 : Prendre une décision
Quand arrêter le processus de réflexion pour prendre la décision et passer à l’action ?
Dans son excellent livre “Penser avec clarté”, Shane Parrish, un ancien de la CIA, propose une matrice fondée sur deux axes : l’importance et la réversibilité.
Sur l’axe horizontal à gauche, déplacer un meuble est très réversible, par contre à l’extrême opposé à droite, écraser moustique est totalement irréversible.
Mais ces deux actions, sur l’axe vertical en bas, sont sans réelle importance (les conséquences sont faibles), contrairement au fait de repeindre un mur de sa maison (un peu plus haut), d’en acheter une (beaucoup plus haut), ou de choisir un partenaire avec qui l’acheter (encore plus haut).
Les décisions peu importantes et facilement réversibles doivent être prises le plus rapidement possible. Le coût de l’effort est supérieur au risque. À l’inverse des décisions les plus importantes et irréversibles, qui devraient être prises le plus tard possible.
Dans ce dernier cas, quand arrêter le processus de réflexion ?
Lorsque les informations captées deviennent redondantes, supposant qu’on a fait le tour du sujet et qu’aucune nouvelle information utile ne nous aidera à prendre la décision ;
Lorsque le coût d’opportunité devient plus important que le risque : quand c’est trop tard, c’est trop tard ;
Lorsque la décision devient évidente : pour ma part, j’ai appris à faire confiance à mon gut-feeling et à mon intuition (nourris par des informations de qualité), comme je le raconte ici.
Dans tous les cas, le principe de réflexion de second niveau aide à améliorer la qualité de la décision. L’idée est de se demander “Et ensuite ?” pour envisager les conditions à court, moyen et long terme. Comme avec la règle des 5 pourquoi, se demander 3 à 5 fois “Et ensuite ?” est un cheminement de pensée très efficace.
Étape 5 : Agir
Prendre une décision engendre une sécrétion de dopamine qui déclenche motivation et enthousiasme. Je conseille de ne pas y succomber, et de simplement l’écrire. Si, le lendemain, elle a toujours du sens et parait être la meilleure option, alors il est temps de l’appliquer.
L’action fait peur, car elle nous confronte à la réalité et à la possibilité d’échec. Néanmoins, à ce stade, le job est fait. C’est la même chose avec de grands défis sportifs comme un ultra trail de plusieurs centaines de km. L’issue est incertaine. Il peut se passer tellement de choses. L’environnement est hors de mon contrôle. Par contre, mon entrainement, le choix de mon équipement et de ma nutrition, sont le fruit de mes décisions. Si j’ai fait le job, alors je peux me présenter serein sur la ligne de départ.
Pour autant, lorsque l’enjeu est important, rien n’empêche de prendre une marge de sécurité et des gardes-fou.
Marge de sécurité :
De façon générale, plus j’ai d’options à disposition, meilleure sera ma décision. Il est beaucoup plus facile de rebondir avec une trésorerie florissante qu’en redressement judiciaire.
L’argent ne fait pas le bonheur, mais il est une ressource-clé pour augmenter la diversité des options.
À l’échelle individuelle, ça revient simplement à épargner régulièrement une partie de son salaire. Ce réflexe est un facteur de liberté à moyen-long terme, qu’on souhaite changer de job, lancer un nouveau projet, ou rebondir après un coup dur.
À l’échelle de l’entreprise, je provisionne sur un compte séparé un % de ma masse salariale pour faire face à d’éventuelles ruptures ou licenciements, et un % de mon CA global pour faire face à des coups durs, comme un procès, une catastrophe naturelle, ou une épidémie mondiale. Je considère cette réserve comme de l’argent “perdu”, en ce sens que je ne compte pas dessus pour mes projets d’investissement ou de développement.
Garde-fou :
Il est parfois difficile de différencier la persévérance de l’obstination. Lorsqu’on a investi trop de temps ou de ressources dans une décision, il est compliqué d’avoir le discernement nécessaire à abandonner et à accepter la perte. C’est le fameux biais d’engagement.
Pour s’en protéger, il faut placer des gardes fous en amont, au moment de la prise de décision, fondé sur des déclencheurs, en évaluant ce que je ferais si j’atteins un délai, un montant ou une circonstance mesurable spécifique.
Notons que s’ils sont plus utiles pour nous protéger de la faillite, les déclencheurs peuvent aussi être utiles dans une phase de développement. Je fais X jusqu’à Y. Si Y se réalise, alors je ferais Z.
Étape 6 : Analyser les résultats
J’ai longtemps fait l’erreur de juger la qualité de mes décisions aux résultats obtenus. Jusqu’à cet épisode avec Jean Rausis qui m’a parlé du biais de résultat. De mauvaises décisions peuvent donner de bons résultats grâce à la chance. Et d’excellentes décisions peuvent donner de mauvais résultats si un cygne noir se présente. Le résultat est chaotique par essence.
Mais peu importe l’issue, pour peu qu’on ait l’humilité d’accepter la situation telle qu’elle est, plutôt que de refaire l’histoire pour satisfaire notre égo, alors chaque action est une opportunité de croissance. Les échecs beaucoup plus que les coups de chance, même s’ils sont inconfortables, sont nos meilleurs apprentissages. Après chacun d’eux, je suis devenu un peu meilleur, et je prends aujourd’hui toute la mesure du chemin parcouru, de l’entrepreneur que je suis devenu.
Encore faut-il les analyser au regard du processus décisionnel : ce que je savais, ce qui me semblait important, et comment j'ai raisonné à ce sujet. Pour cela, documenter ses décisions à l’écrit est toujours utile pour améliorer la boucle de rétro-feedback.
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Inspiration
🎙️ Limtiless : Le courage s'entraîne : les leçons d’une championne du vide (Domitille Kiger)
Tous ceux que je connais ayant flirté avec la mort développent cette légèreté de vivre : ils réalisent que ce qui compte vraiment ne se mesure pas. Ils savent qu’oser vivre pleinement implique de prendre des risques, souvent moins dangereux qu’on ne le croit. Le stress demeure, mais le courage pour le surmonter n’est pas un don inné ; c’est une qualité qui se cultive et se renforce. Domitille fait partie de ces êtres rares, et son sourire vaut de l’or.
🧠 Reco Livre : Nourrir son cerveau, soigner son mental - Georgia Ede
Psychiatre formée à Harvard, la Dr Georgia Ede a découvert que le régime cétogène, déjà efficace contre l’épilepsie, pouvait contourner un dysfonctionnement mitochondrial clé dans des troubles comme le TDAH, la schizophrénie ou la dépression. Les corps cétoniques “bypassent” la chaîne de transport des électrons défaillante, d’où des améliorations spectaculaires chez de nombreux patients.
Au-delà des pathologies, elle propose un guide pragmatique des nutriments indispensables au cerveau : viandes entières et abats en tête (si elle connaissait Féroce, elle recommanderait 2 à 3 Hachés Féroce par semaine !), et met en garde contre les huiles de graines et les céréales. Contrairement à beaucoup d’ouvrages dogmatiques, son approche est solidement étayée et sincèrement passionnante.
🍬 Débat : Glucides à l’effort, performance et longévité, avec Dr Mouton, Anthony Berthou et Mathieu Blanchard
Quand deux de mes mentors rencontrent un géant de l’ultra-trail pour débattre des glucides à l’effort, ça donne du lourd. Pendant des années, on recommandait 40–60 g de glucides/heure, mais en optimisant le ratio glucose-fructose, certains dépassent aujourd’hui 100 g/heure, voire 140–160 g/heure chez quelques cyclistes du tour. Les gains de performance sont indéniables… mais qu’en est-il du microbiote, de la glycémie, de la santé et de la longévité ? Et ces protocoles « dopants » ont-ils un intérêt pour les amateurs hors du top 10 ?
La génomique, un atout-clé
Ta capacité à métaboliser les glucides, à l’effort comme au quotidien, dépend aussi de ton profil génétique. Dans ADN/DECODE, la formation que j’ai conçue avec le Dr Mouton, tu apprendras à individualiser ton assiette et tes apports selon ton ADN pour optimiser ton énergie et ta récupération.
Des habitudes de vie bien ancrées
Avant même d’ajuster ta ration de glucides, ta performance – mentale et physique – repose sur des habitudes de vie solides. Je l’ai constaté lors de mon ultra-trail au Pérou : plusieurs finishers, pourtant entraînés, ont franchi la ligne épuisés, victimes de douleurs et de tendinites liées à une inflammation de bas grade. En réalignant ton mode de vie avec ton héritage évolutif – alimentation, sommeil, gestion du stress – tu peux prévenir ces désagréments. C’est tout l’objet de Ancestral Science, la formation que j’ai développée avec Anthony Berthou.
Offre exclusive bundle
Pour bénéficier de ces deux approches complémentaires, je te propose un bundle ADN/DECODE + Ancestral Science à 300 € au lieu de 400 € (soit 100 € de réduction). Pour en profiter, réponds simplement à ce mail.
Merci David pour cette newsletter très inspirante.👍