5 leçons pour devenir des Sapiens heureux
Nous sommes passés des canoës aux galères, aux bateaux à vapeur et aux navettes spatiales, mais ces incroyables progrès nous ont-ils rendus plus heureux ?
Nous vivons dans des boîtes
Il y a 70 000 ans, Sapiens s’est extrait de sa condition naturelle pour devenir, au fil des révolutions cognitive, agricole, industrielle et scientifique, un animal aux capacités divines de création et de destruction. À l’échelle d’une vie, cela peut paraître beaucoup. À l’échelle biologique néanmoins, ce n’est qu’un battement de cils.
Nos esprits et nos corps sont toujours adaptés à la vie des chasseurs-cueilleurs, et “nous nous sommes condamnés à vivre une vie contre nature où nos instincts naturels ne sauraient s’exprimer pleinement, où nos envies les plus profondes ne sauraient donc trouver satisfaction. Rien, dans le confort de la vie bourgeoise urbaine, ne saurait approcher l’excitation sauvage et la joie pure d’une bande de fourrageurs amateurs de mammouths qui ont fait bonne chasse. Chaque invention nouvelle nous éloigne un peu plus du jardin d’Éden.”
Comme j’ai l’habitude de le dire, nous traversons nos journées dans des boîtes, de nos maisons à nos voitures en passant par nos bureaux, nos supermarchés et nos rues bétonnées. Aveuglés par nos ambitions dévorantes, nous avons tout fait pour nous extraire de notre condition animale et renier nos origines primales, nous mettant, sans même y prendre garde, en cage.
Cette quête perpétuelle du plus a ses avantages : allongement de l’espérance de vie, réduction de la mortalité infantile, des famines, et de la violence (guerre, crime, insécurité etc…), amélioration du statut des femmes et des enfants, etc… Et que dire des navettes spatiales qui permettront bientôt le développement de colonies martiennes ?
Mais qu’en est-il du bonheur ?
L’appauvrissement du monde des sens
“Le monde de nos sens s’est considérablement appauvri depuis l’époque de nos ancêtres. Les anciens fourrageurs vivaient dans l’instant présent, attentif au moindre bruit, aux goûts et aux odeurs : il en allait de leur survie. Nous, en revanche sommes horriblement distraits. Nous pouvons aller au supermarché, où nous avons le choix entre des milliers de produits. Mais quoi que nous choisissions, il est probable que nous l’avalions à la hâte sans vraiment prêter attention au goût. Nous pouvons aller en vacances dans des milliers d’endroits plus stupéfiants les uns que les autres. Mais où que nous allions, nous jouerons probablement plus avec notre smartphone au lieu de voir réellement les lieux.”
Par exemple, j’ai écouté une bonne partie de ce livre, Sapiens, pendant mes repas du midi en mangeant distraitement sans prêter attention à mes papilles qui s’émerveillaient de chaque bouchée savourée. Et je me trouve facilement des excuses : mes journées passent à une telle vitesse que j’ai le sentiment de ne pas pouvoir faire autrement sans sacrifier cette lecture précieuse.
Certes une partie de mon temps est utilisée à prendre soin de mon corps et de mon esprit (sport, méditation, marche), ou à assouvir ma curiosité (pour la physiologie, la performance, et la spiritualité), participant ainsi à mon bonheur et à mon épanouissement. Mais une autre est consacrée à gagner de l’argent et à faire fructifier mes investissements, alors même que de nombreuses études ont montré que le bien-être n’augmentait plus au-delà d’un certain niveau de richesse.
Individualisme VS Communauté
D’ailleurs, selon ces mêmes études, la famille et la communauté, tout comme un mariage réussi, sont des contributeurs bien plus importants au bonheur que l’argent ou la santé. Ces deux derniers siècles, individualisme, capitalisme et confort ont peu à peu mené à l’effondrement de la famille et de la communauté locale. Nous avons perdu la profondeur des relations amicales de l’Âge de pierre, où de l’entraide reposait notre survie : nous chassions et bivouaquions ensemble, prenions soin les uns les autres, et partagions nos ressources et savoirs.
À mon petit niveau, c’est la vision que j’ai pour Limitless Project : créer une émulation collective grâce à des invités passionnés désireux de partager, et des auditeurs éveillés curieux d’enrichir leur réflexion. Et même si pour l’heure, cette communauté n’est que virtuelle, elle progresse chaque jour, s’enrichit de discussions et de rencontres, et permettra sûrement un jour de se rencontrer physiquement.
Rechercher des interactions de qualité est donc probablement une meilleure voie pour atteindre le bonheur que la quête perpétuelle du confort matériel. Lequel a d’ailleurs tendance à nous rendre plus faible, moins résilient, et à nous pousser à chercher toujours plus :
“Nous, modernes, avons à notre disposition tout un arsenal de tranquillisants et d’analgésiques, mais nos attentes en matière d’aises et de plaisir, et notre intolérance à toute forme de gêne ou d’inconfort, ont pris tant d’ampleur que nous pouvons bien souffrir de la douleur plus que n’en ont jamais souffert nos ancêtres.”
Le bonheur est en toi
Notre niveau de bonheur dépend des modèles auxquels nous nous comparons. Le livre “La vie parfaite n’existe pas” cite par exemple les travaux de Robert H. Frank, le plus grand spécialiste mondial de la consommation de statut. Il a montré que les individus préfèrent en majorité vivre dans une maison de 300m2 si leurs voisins ont une maison de 200m2 plutôt que dans une maison de 400m2 si les autres en ont une de 600. On désire toujours plus que les autres. Certes, notre niveau de confort est largement supérieur à un habitant du tiers-monde. Mais par rapport à un millionnaire ? Et physiquement, je suis peut-être le plus beau de mon bureau. Mais par rapport aux stars qui paradent sur Instagram ?
Cette quête perpétuelle du “plus que les autres” nous pousse à vivre dans la frustration constante de ne jamais être satisfait de ce que l’on a. S’il a fallu étudier l’histoire de l’humanité pour le comprendre, toutes les doctrines de l’époque le disaient déjà : façonner l’intérieur, c’est-à-dire son âme, pour le rendre indépendant de l’extérieur, est le secret du bonheur.
5 Leçons de vie pour un Sapiens moderne à la recherche du bonheur :
Explorer son animalité : marche en nature, cueillette, chasse, pêche, ... ;
Vivre le moment présent en se reconnectant à ses sens (goût, odorat, ouïe, toucher) ;
S’exposer de temps en temps à l’inconfort : douches froides, nuit à la belle étoile… ;
Prioriser les interactions sociales de qualité, favoriser l’entre-aide, la bienveillance et la générosité ;
Se satisfaire de ce que l’on a plutôt que de rêver de ce que l’on voudrait ;